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Analyse des procédures collectives : mai 2025

Analyse 2020-2025

15 min.
04/06/2025
Chapter 1

I - Tendance des procédures

1. Volume des procédures

nombre d'entreprise par mois

L'analyse de l'évolution des procédures collectives en France entre 2020 et 2025 révèle une trajectoire particulièrement préoccupante qui témoigne de la fragilisation progressive du tissu économique français. Les données mettent en lumière un phénomène de dégradation structurelle de la santé financière des entreprises, ponctuée par des ruptures conjoncturelles majeures. L'année 2020 présente un profil atypique avec une chute spectaculaire des ouvertures de procédures au deuxième trimestre (avril-juin), conséquence directe des mesures de confinement et des dispositifs d'aide exceptionnels qui ont artificiellement suspendu les défaillances d'entreprises. Cette période singulière, caractérisée par un minimum historique de 1 922 procédures en mai 2020 et des niveaux anormalement bas durant tout le printemps, illustre l'effet d'aubaine temporaire des PGE et autres mesures de soutien gouvernemental. Cependant, dès la sortie de cette parenthèse exceptionnelle, la tendance sous-jacente de dégradation reprend inexorablement, avec une accélération particulièrement marquée à partir de 2022. L'évolution trimestrielle révèle une progression quasi-linéaire des défaillances : de moyennes trimestrielles oscillant autour de 3 500-4 000 procédures en 2021, on observe une montée en puissance vers 4 500-5 000 en 2022, puis une envolée vers 6 500-7 500 en 2023, pour culminer à des niveaux alarmants de 8 000-8 500 procédures mensuelles en 2024-2025. Cette dynamique révèle un effet de rattrapage post-COVID particulièrement brutal, amplifié par la conjonction de facteurs structurels (inflation, tensions sur les chaînes d'approvisionnement, hausse des coûts énergétiques) et conjoncturels (remontée des taux d'intérêt, fin progressive des mesures de soutien). La saisonnalité traditionnelle, avec des creux estivaux récurrents en août-septembre, demeure visible mais s'estompe progressivement face à l'ampleur du phénomène, suggérant une normalisation à la hausse des niveaux de défaillance qui interroge sur la capacité de résilience du système économique français dans un contexte d'incertitudes persistantes.

2. Impacts sectoriels

nombre d'entreprise par mois

L'analyse sectorielle des défaillances d'entreprises en France sur la période 2020-mai 2025 révèle une cartographie précise de la vulnérabilité économique française, structurée autour de fractures sectorielles majeures qui reflètent à la fois les mutations structurelles de l'économie et l'impact différencié des crises successives. Le triptyque de tête - Commerce (67 347 défaillances, soit 20,1% du total), Construction (66 744, soit 19,9%) et Hébergement-restauration (41 130, soit 12,3%) - concentre à lui seul plus de 52% de l'ensemble des procédures collectives, illustrant la fragilité particulière des secteurs à forte intensité concurrentielle, à marges réduites et exposés aux variations de la demande finale. Cette surreprésentation du commerce et de la construction traduit des problématiques structurelles profondes : atomisation excessive du tissu économique, sous-capitalisation chronique, dépendance aux cycles conjoncturels et pression déflationniste permanente dans des secteurs où les barrières à l'entrée demeurent faibles. L'hôtellerie-restauration, troisième secteur le plus touché, témoigne quant à elle de l'impact durable de la crise sanitaire sur un secteur déjà fragilisé par des modèles économiques précaires, une saisonnalité marquée et des coûts fixes importants face à des revenus volatils. La présence significative des activités spécialisées, scientifiques et techniques (21 654 défaillances, soit 6,5%) ainsi que de l'industrie manufacturière (20 226, soit 6,0%) dans le peloton de tête interroge sur la capacité d'innovation et de résistance de secteurs traditionnellement considérés comme plus résilients, suggérant une diffusion de la fragilité économique vers des segments à plus forte valeur ajoutée. Les secteurs intermédiaires - services administratifs et de soutien (16 787, soit 5,0%), autres activités de services (14 583, soit 4,4%), transports (13 283, soit 4,0%) et activités immobilières (12 920, soit 3,9%) - représentent ensemble près de 17% des défaillances, témoignant d'une diffusion généralisée des difficultés au-delà des secteurs traditionnellement fragiles. À l'inverse, la très faible exposition des secteurs régulés ou monopolistiques - production d'électricité et gaz (441 cas, 0,13%), distribution d'eau (477, 0,14%), industries extractives (65, 0,02%) - avec moins de 0,3% des défaillances cumulées, ainsi que la préservation quasi-totale de l'administration publique (15 cas, 0,004% seulement), soulignent l'effet protecteur des positions dominantes et de la régulation publique. Cette répartition sectorielle révèle in fine une économie française marquée par une dualité croissante entre des secteurs hypercompétitifs et fragiles représentant plus des trois quarts des défaillances d'une part, et des segments protégés ou régulés pesant moins de 1% d'autre part, questionnant la soutenabilité à long terme d'un modèle économique reposant massivement sur des activités à faible rentabilité et forte exposition aux chocs externes.

3. Typologie des procédures

nombre d'entreprise par typologie de procedure

L'analyse de la typologie des procédures collectives ouvertes en France entre 2020 et mai 2025 révèle une architecture judiciaire dominée par la logique de liquidation, témoignant d'un système économique où les difficultés d'entreprises débouchent massivement sur des cessations d'activité plutôt que sur des tentatives de redressement. La prédominance écrasante des liquidations judiciaires, sous leurs deux formes - liquidation judiciaire classique (281 986 procédures, soit 48,1% du total) et liquidation judiciaire simplifiée (214 824 procédures, soit 36,6%) - représente à elle seule 84,7% de l'ensemble des procédures, illustrant une réalité économique brutale où près de neuf entreprises en difficulté sur dix sont condamnées à la disparition pure et simple. Cette surreprésentation des liquidations, particulièrement marquée par le recours massif à la procédure simplifiée introduite pour traiter efficacement les dossiers de petites entreprises sans actifs significants, révèle à la fois la précarité structurelle du tissu économique français - dominé par des TPE/PME sous-capitalisées - et l'inefficacité relative des mécanismes de détection précoce des difficultés. Le redressement judiciaire, pourtant conçu comme l'outil privilégié de la seconde chance entrepreneuriale, ne représente que 86 013 procédures (14,7%), soulignant soit une intervention trop tardive des tribunaux, soit des difficultés tellement profondes que les perspectives de redressement s'avèrent illusoires dès l'ouverture de la procédure. Plus préoccupant encore, les procédures préventives - censées permettre une intervention en amont de la cessation des paiements - demeurent confidentielles avec seulement 7 564 sauvegardes classiques (1,3%), 225 sauvegardes financières accélérées (0,04%) et 66 sauvegardes accélérées (0,01%), totalisant à peine 1,3% de l'ensemble des procédures. Cette sous-utilisation dramatique des outils préventifs traduit une défaillance majeure du système d'alerte et d'accompagnement des entreprises en difficulté, où les dirigeants n'anticipent pas suffisamment les difficultés ou hésitent à recourir à ces procédures par méconnaissance, stigmatisation ou optimisme excessif. L'anecdotique présence des homologations de concordat (1 541 procédures, soit 0,26%) et l'inexistence quasi-totale des redressements judiciaires simplifiés (2 procédures seulement) complètent ce tableau d'un système judiciaire essentiellement tourné vers la liquidation du tissu économique plutôt que vers sa régénération, questionnant l'efficacité des politiques publiques de soutien aux entreprises et la culture entrepreneuriale française face à l'échec et au rebond économique.

4. Analyse géographique des défaillances

nombre d'entreprise par région

L'analyse géographique des défaillances d'entreprises en France entre 2020 et mai 2025 révèle une géographie économique des difficultés qui épouse fidèlement la hiérarchie urbaine et démographique française, tout en soulignant les disparités territoriales structurelles et les vulnérabilités spécifiques de certains bassins économiques. L'hégémonie francilienne s'impose avec une brutalité saisissante : Paris concentre à lui seul 21 454 procédures (3,7% du total national), tandis que l'ensemble des départements franciliens - Seine-Saint-Denis (12 499, soit 2,1%), Seine-et-Marne (9 324, soit 1,6%), Hauts-de-Seine (6 284, soit 1,1%), Val-de-Marne (5 845, soit 1,0%), Val-d'Oise (5 530, soit 0,9%), Yvelines (5 368, soit 0,9%) et Essonne (5 317, soit 0,9%) - totalise plus de 71 621 défaillances, représentant 12,2% de l'ensemble national pour une région qui ne pèse que 18% de la population française, témoignant d'une sur-concentration des risques économiques dans la métropole capitale. Cette surreprésentation francilienne traduit à la fois l'effet de masse lié à la densité entrepreneuriale exceptionnelle de la région et les spécificités d'un écosystème économique hypercompétitif où les coûts structurels élevés (immobilier, salaires, charges) fragilisent particulièrement les entreprises en phase de démarrage ou de croissance. La région PACA confirme son statut de second pôle de fragilité économique avec les Bouches-du-Rhône (12 856 défaillances, soit 2,2%), les Alpes-Maritimes (8 311, soit 1,4%) et le Var (6 293, soit 1,1%), cumulant 27 460 procédures (4,7% du total), reflétant les difficultés structurelles d'une économie méditerranéenne marquée par la saisonnalité touristique, la précarité de nombreuses activités de services et une dépendance excessive aux secteurs volatils. Le Nord (11 722 défaillances, soit 2,0%) et le Rhône (9 842, soit 1,7%) complètent ce podium des territoires les plus exposés, illustrant respectivement les séquelles de la désindustrialisation nordiste et l'effet de concentration métropolitaine lyonnaise. Particulièrement frappante apparaît la sur-représentation des territoires ultramarins rapportée à leur poids démographique : La Réunion (5 541 défaillances pour 860 000 habitants), la Martinique (2 389 pour 375 000 habitants), la Guadeloupe (1 835 pour 400 000 habitants) et la Guyane (433 pour 290 000 habitants) affichent des taux de défaillance par habitant largement supérieurs à la moyenne métropolitaine, révélant les fragilités structurelles des économies insulaires (étroitesse des marchés, surcoûts logistiques, dépendance aux importations, vulnérabilité aux chocs externes). À l'inverse, les départements ruraux de l'intérieur - Creuse (374 défaillances), Cantal (478), Lozère (198) - présentent des niveaux absolus faibles mais qui, rapportés à leur tissu économique réduit, témoignent également de difficultés réelles dans des territoires confrontés à la désertification économique et au vieillissement démographique. Cette cartographie révèle in fine une France économique à plusieurs vitesses où les métropoles concentrent les risques par effet de masse, les régions touristiques subissent les aléas conjoncturels, les territoires post-industriels peinent à se reconvertir et les espaces ruraux et ultramarins cumulent les handicaps structurels, questionnant l'efficacité des politiques d'aménagement du territoire et de développement économique dans leur capacité à réduire ces disparités territoriales face aux chocs économiques.

Chapter 1

II - Profil des entreprises concernées

1. Toujours beaucoup de très petites entreprises

nombre d'entreprise par rcatégorie

L'analyse de la répartition des défaillances d'entreprises par catégorie en France entre 2020 et mai 2025 révèle une concentration dramatique sur les très petites entreprises qui dessine les contours d'une crise économique aux caractéristiques sociologiques particulièrement marquées. L'hégémonie absolue des TPE, avec 297 094 défaillances représentant 93,9% du total des procédures collectives, constitue un marqueur saisissant de la fragilité structurelle du tissu économique français, dominé par un entrepreneuriat de subsistance vulnérable aux moindres fluctuations conjoncturelles. Cette surreprésentation massive des TPE - qui emploient pourtant moins de 10 salariés chacune - témoigne d'un écosystème économique caractérisé par une atomisation excessive où prédominent des structures sous-capitalisées, disposant de faibles réserves financières et dépourvues des moyens d'anticipation et de résistance aux chocs économiques dont bénéficient leurs homologues de taille supérieure. Les PME, avec 18 978 défaillances (6,0% du total), présentent un profil de résistance relative qui traduit l'effet protecteur de la taille critique : disposant généralement de fonds propres plus consistants, d'une diversification géographique et commerciale plus importante, et d'équipes de gestion plus structurées, elles parviennent davantage à traverser les turbulences économiques ou à anticiper leurs difficultés par des restructurations préventives. L'effondrement spectaculaire des taux de défaillance avec la montée en gamme des entreprises - ETI avec seulement 282 procédures (0,089%) et grandes entreprises avec 52 cas (0,016%) - souligne l'effet d'échelle dans la capacité de résistance aux crises : accès privilégié au financement bancaire, diversification des activités et des marchés, équipes dédiées au contrôle de gestion et à la planification stratégique, capacité de négociation avec les partenaires financiers et commerciaux. Cette hiérarchisation des vulnérabilités révèle une économie française structurellement déséquilibrée, où la création de valeur et l'emploi reposent massivement sur un substrat entrepreneurial précaire, exposé aux défaillances en cascade lors des retournements conjoncturels. La quasi-immunité des grandes entreprises, malgré leur exposition internationale et leur complexité organisationnelle, témoigne paradoxalement de leur capacité d'adaptation et de résilience, souvent renforcée par des mécanismes publics de soutien (too big to fail) qui contrastent avec l'abandon relatif des TPE face aux difficultés. Cette configuration interroge fondamentalement l'efficacité des politiques publiques de soutien aux entreprises, apparemment incapables de combler le déficit structurel de compétitivité et de solidité financière d'un tissu économique trop fragmenté, et soulève la question de la nécessaire consolidation sectorielle pour renforcer la résilience globale de l'appareil productif français face aux chocs économiques récurrents.

2. L'arbre qui cache la forêt : des PME en augmentation flagrante depuis 2022

nombre d'entreprise par catégorie et mois

L'analyse des défaillances d'entreprises hors segment TPE révèle paradoxalement une trajectoire de dégradation tout aussi préoccupante, nuançant l'hypothèse selon laquelle la crise serait circonscrite aux seules micro-structures économiques. Si les PME maintiennent leur statut de deuxième catégorie la plus touchée avec 18 978 défaillances (6,0% du total), l'examen de leur évolution temporelle dévoile une accélération inquiétante : de moyennes mensuelles oscillant autour de 150-200 procédures en 2020-2021, elles franchissent systématiquement le seuil des 600-800 défaillances mensuelles depuis 2023, avec des pics dépassant régulièrement les 900 procédures en 2024-2025. Cette multiplication par quatre des niveaux de défaillance des PME témoigne d'une diffusion de la crise vers des entreprises théoriquement mieux armées, disposant de structures managériales plus étoffées et de capacités financières supérieures. Plus saisissante encore apparaît la vulnérabilité croissante des ETI, traditionnellement considérées comme le backbone de l'économie française : leurs défaillances, quasi-inexistantes en début de période (6 cas en janvier 2020), explosent littéralement avec 27 procédures en mai 2025, soit une multiplication par plus de quatre en cinq ans. Cette dégradation des ETI, qui cumulent 282 défaillances sur la période, révèle une fragilisation de l'échelon intermédiaire de l'économie française, celui-là même qui assure la jonction entre PME locales et grandes entreprises internationales. Même les grandes entreprises, malgré leur apparente immunité statistique avec seulement 52 défaillances totales, subissent une érosion de leur invulnérabilité relative : de 2-3 cas annuels en 2020-2021, elles atteignent des niveaux inédits de 4-5 défaillances mensuelles ponctuellement en 2024-2025. Cette contamination ascendante de la crise économique vers les strates supérieures de l'économie française suggère une déstabilisation systémique qui dépasse le simple effet de masse des TPE, interrogeant la capacité de l'ensemble de l'appareil productif français à résister aux chocs économiques contemporains, indépendamment de la taille et des ressources disponibles.

3. Une confirmation sur les tranches de chiffres d'affaires identifiées

nombre d'entreprise par tranche de CA et mois

La lecture en coupe du nombre d’entreprises en procédure collective, ventilé par tranches de chiffre d’affaires, révèle une dynamique préoccupante de remontée dans la chaîne de valeur économique. Si les entreprises réalisant moins de 500 k€ de CA continuent de représenter le socle majoritaire des défaillances — reflet d’une fragilité endémique du tissu TPE —, on observe, mois après mois, une lente mais constante érosion des strates intermédiaires (1 à 5 M€, puis 5 à 10 M€). Cette montée en gamme des entreprises touchées traduit non seulement l’épuisement progressif des mécanismes d’amortissement conjoncturels (trésorerie, PGE, reports de charges), mais aussi un désalignement croissant entre structure de coûts, pression sur les marges et accès au financement. L’alerte est claire : il ne s’agit plus d’une sinistralité diffuse mais d’un mouvement de fond, susceptible de compromettre durablement l’intégrité de certains écosystèmes sectoriels et régionaux.

Chapter 1

III - Situation financière des entreprises en procédure collective

1. Des fondamentaux toujours très fragiles

médiane de solvabilité, de croissance et de marge nette par mois

L'analyse longitudinale des fondamentaux des entreprises en procédure collective révèle un changement profond dans la nature des fragilités. Si les défaillances de 2020 et 2021 correspondaient majoritairement à des structures déjà marginales en marge nette (souvent autour de -0,5 à -0,8%) mais encore dotées d’un minimum de solvabilité, le profil-type a depuis muté. Les entreprises défaillantes de 2022-2023 présentent une nette détérioration simultanée de la rentabilité (jusqu’à -2,8% de marge nette médiane) et de la solvabilité (descendue à 2,4 fin 2022), couplée à une croissance atone ou nulle. Ce triptyque dégradé – rentabilité négative, absence de croissance, solvabilité en repli – constitue un marqueur de vulnérabilité systémique plus inquiétant. Toutefois, les cohortes 2024-2025 montrent une résilience nouvelle : la remontée progressive des marges nettes (à -0,3% début 2025) et le redressement de la solvabilité (7,5%) laissent penser que les dernières procédures concernent des entreprises plus récentes, mieux capitalisées, mais asphyxiées par des déséquilibres conjoncturels ou un effet domino sectoriel. Autrement dit : les entreprises tombent aujourd’hui moins par faiblesse structurelle que par pression exogène brutale. Pour autant, il faut rester lucide sur le fait que plus de 50% des entreprises restent surendettées, en absence de marges et avec une croissance mise à plat. 

2. La liquidité reste et demeure le nœud  du problème

médiane de solvabilité, de croissance et de marge nette par mois

Le profil de liquidité des entreprises en procédure collective révèle un étranglement progressif mais structurel de la gestion de trésorerie. Malgré une stabilisation apparente de leur niveau d’endettement médian autour de 193 jours  début 2025 (retour au niveau pré-crise de 2020), ce chiffre masque une tension accrue sur le cycle d’exploitation. Le décalage entre délais clients (32 jours) et délais fournisseurs (54 jours) reste déséquilibré, contraignant les marges de manœuvre. Pire : la rotation des stocks plafonne autour de 26 à 34 jours depuis deux ans, signe que les encours restent immobilisés malgré les alertes de marché. Enfin, la trésorerie médiane – figée à 1 jour de CA depuis plus de 4 trimestres – consacre l’incapacité chronique de ces structures à se reconstituer un matelas de sécurité, rendant leur résilience quasi nulle. En somme, ces entreprises ne tombent pas tant sous le poids de la dette que sous l'effet cumulé d’un besoin en fonds de roulement mal maîtrisé, d’un affaissement de trésorerie et d’une efficacité opérationnelle émoussée. Le symptôme n’est pas la dette ; le mal, c’est l’atrophie du cash flow.

Chapter 1

À retenir

1. Reprise des défaillances post-COVID
Après un repli artificiel en 2020, les procédures collectives repartent à la hausse à partir de 2022, avec des volumes records en 2024–2025.

2. Fin des aides : effet de rattrapage mécanique
La fin progressive des dispositifs de soutien a révélé des fragilités structurelles dans de nombreux secteurs.

3. Secteurs les plus touchés : commerce, construction, hébergement-restauration
Trois secteurs concentrent plus de la moitié des procédures, reflet de leur forte sensibilité conjoncturelle.

4. Liquidation judiciaire majoritaire
Plus de 8 procédures sur 10 aboutissent à une liquidation, signe d’un recours tardif aux dispositifs de traitement.

5. TPE surreprésentées
Les très petites entreprises représentent près de 94 % des défaillances enregistrées.

6. Tendance haussière sur les PME depuis 2022
Les PME commencent à être significativement concernées, élargissant le spectre du risque.

7. Grandes entreprises peu exposées
Les ETI et GE restent peu touchées, protégées par leur taille, leur structuration et leur capacité d’anticipation.

8. Île-de-France : poids et concentration
La région concentre à elle seule plus de 20 % des procédures nationales, liée à la densité économique.

9. Territoires ultramarins et ruraux : vigilance requise
Des taux de défaillance élevés par habitant dans certains DOM et des fragilités persistantes en zones peu denses.

10. Un système encore peu orienté prévention
Le traitement judiciaire reste centré sur l’extinction des activités, avec un recours limité aux outils de sauvegarde ou de restructuration.

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