Baromètre : Les procédures collectives - 15 Octobre 2024

Point d'étape des défaillances à l'automne 2024.

Quelles perspectives pour la fin de l'année ?

8 min.
20/10/2024

Depuis le début de l’année, à la date de la procédure, nous comptons 59 346 entreprises en procédure collective (et donc en difficulté).

À ce jour, nous avons atteint 91 % du montant estimé cette année, qui s'élève à 65 000 entreprises « en défaillance » (ce qui ne regroupe que les liquidations et redressements).

Or, à elles seules, ces procédures constituent la majorité des procédures ouvertes. Nous sommes également à 95 % du montant des procédures enregistrées en 2019, pour un total de 62 026 entreprises.

Evolution des entreprises sous procédures collectives

Depuis janvier 2024, nous observons un pic en termes de procédures, avec près de 6 246 ouvertures par mois (lissées), certains mois dépassant même les 8 000 procédures.

À ce jour, le secteur de la construction paie le plus lourd tribut, avec près de 1 300 procédures par mois, tout comme le secteur du commerce.

L'hébergement et la restauration, généralement considérés comme le premier secteur impacté (principalement sur la restauration), enregistrent une moyenne de 823 procédures par mois, mais nous avons constaté une augmentation de 14 % entre septembre et juillet (en tenant compte que le mois d'août est traditionnellement un mois creux en termes de procédures).

Répartition des procédures collectives par secteurs d'activité - Oct 2024

Les activités scientifiques et techniques, l’industrie manufacturière, ainsi que les activités administratives et de soutien, complètent la majorité des procédures avec un niveau moyen supérieur à 400 entreprises par mois.

Il est à noter que, malgré tout, ces secteurs, tout comme le transport, atteignent également un point haut en termes de procédures, même si leur part reste réduite.

Ce panorama serait incomplet si nous ne mettions pas en avant la population principalement visée par ces procédures en 2024. Ainsi, 54 % des procédures concernent des entreprises avec un chiffre d'affaires compris entre 0 et 2 millions d'euros, 30 % concernent des entreprises dites « en retard de bilan » et donc non conformes, et 13 % concernent des entrepreneurs individuels.

Pour donner un ordre d'idée, les entreprises ayant un chiffre d'affaires compris entre 2 et 10 millions d'euros représentent 3,38 % des procédures de l'année, tandis que celles dépassant 10 millions d'euros représentent 1,69 %.

Là encore, nous sommes à un point haut depuis 2019 pour ces catégories, bien que le mois de septembre ait montré une légère baisse de 25 % par rapport à juillet 2024. Cependant, ces dossiers restent significatifs et emblématiques de la situation conjoncturelle.

Répartition des procédures collectives par catégorie d'entreprises - Oct 2024

Il est important de rappeler qu'encore cette année, 71 % des procédures sont des liquidations judiciaires (simplifiées ou non) et 23 % sont des redressements judiciaires.

Cela signifie que 94 % des procédures sont des procédures dites « de défaillance », représentant des entreprises confrontées à une insuffisance de trésorerie ou de liquidités pour faire face à leurs passifs exigibles à court ou moyen terme.

Cette situation n’est pas nouvelle et était déjà présente en 2019. Dès lors, il est essentiel de prendre en compte des éléments factuels importants :

  • Crise COVID : Impact significatif sur les chiffres d'affaires et les activités.

  • Moratoires, aides et PGE : Une partie est encore en attente de remboursement.

  • Taux d'emprunt pour les entreprises : Actuellement plus élevés.

  • Inflation : En baisse mais persistante, avec un prix des matières premières demeurant élevé.

  • Coûts de l'énergie : En baisse, mais des situations individuelles variables en raison des engagements contractuels.

  • Problématiques de recrutement : Touchant un tiers des entreprises.

  • Diminution de la consommation : Entraînant une baisse des carnets de commandes, notamment dans les secteurs suivants : 
    • Automobile
    • Aéronautique
    • Pharmacies
    • Textile et mode…

Nous observons une véritable « rupture » dans la dynamique de fonctionnement économique, accompagnée d'une mutation des modes de consommation et d'un contexte domestique et international incertain.

Cela appelle les entreprises à faire preuve de vigilance pour anticiper, consolider leur trésorerie et soutenir une dynamique de croissance qui demeure présente.

Les entreprises doivent investir dans la solidité financière, diversifier leurs activités et envisager des partenariats stratégiques pour naviguer dans cette tempête.

En conclusion

Bien que le paysage économique reste incertain, les entreprises doivent non seulement faire preuve de résilience, mais également adopter des stratégies proactives.

En améliorant leur gestion de trésorerie, en diversifiant leurs revenus et en formant des alliances, elles peuvent non seulement survivre, mais également prospérer dans un environnement économique en mutation.

Il est crucial d'avoir une vision honnête de leur situation et de leurs capacités, avant même de s'enquérir de la stabilité ou de la fragilité d'un partenaire.

La réalité est que des entreprises affichant une croissance relative et un résultat net positif ne sont pas à l'abri de difficultés réelles et sérieuses, notamment si les capacités mises en place pour générer cette croissance sont disproportionnées.

Nous sommes donc à un moment où l'économie rappelle, bon gré mal gré, que la puissance du chiffre d'affaires ne fait pas tout.