Le coronavirus, nouveau domino dans la chaîne du risque de défaillance.

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C’est de Wuhan qu’est parti le séisme qui secoure actuellement toute l’économie mondiale : avec ses 11 millions d’habitants et ses nombreux centres de productions (principalement automobiles, mais pas uniquement), la capitale de la province du Hubei est au cœur de la crise du coronavirus, et sa quarantaine met aujourd’hui sous pression les plus grosses entreprises à travers le monde. Quel est l’impact réel sur le tissu économique mondial, lorsque l’usine du monde n’est plus capable de fournir toute la chaine d’approvisionnement ?  

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Un choc de production à l'échelle mondiale

Si les géants de l’automobile et de la tech sont préoccupés de l’activité de leurs fournisseurs dans le pays, certains s’organisent et ont déjà contacté d’autres sous-traitants : certains cabinets juridiques étudieraient même la possibilité que le coronavirus soit considéré comme « un cas de force majeur permettant aux entreprises, dans de cas très spécifiques, de surseoir à leurs obligations contractuelles », dans le but de pouvoir modifier les contrats qui lient certaines entreprises à des fournisseurs qui n’ont aucune visibilité quant à la reprise de leurs centres de production.

 

Pour ajouter à cela, la propagation du virus dans le reste du monde (en particulier l’Iran et l’Italie) couplé à la révision à la baisse des prévisions de croissance mondiale par le FMI dimanche dernier ont fait souffler un vent de panique considérable sur les marchés financiers : le coronavirus forcerait-il à revoir le modèle économique actuel telle que nous le connaissons ? On sait en tout cas qu’il faudra réfléchir à la question si l’épidémie n’est pas endiguée.

 

Et s’il est encore trop tôt pour avoir des statistiques, tout indique que le secteur du transport est le premier touché par la crise. En France, les sociétés de transport routier de voyageurs font face à des difficultés économiques d'une ampleur inédite, à un tel point que la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs appelle le gouvernement à la mise en place rapide d’un fonds de garantie afin de les protéger contre les faillites à venir.

Les chiffres sont alarmants pour le secteur : selon le communiqué de presse de la FNTV datant du 4 mars, " 95,7% des entreprises subissent des annulations de voyages scolaires et touristiques ; 79% des adhérents subissent des annulations de prestations de transports à destination de pays de l’Union européenne, hors France et Italie. Toutes les entreprises sont touchées, l’activité des transporteurs est à l’arrêt et de nombreuses entreprises anticipent des difficultés économiques et de trésorerie qui leur font craindre des défaillances brutales dans les jours qui viennent. Les pertes de chiffres d’affaires peuvent s’élever de 50 % à près de 80 % pour certaines PME."

 

À l'étranger, le prix du fret maritime à destination ou en provenance de Chine s’est effondré, plusieurs ports chinois étant partiellement fermés. Des expéditions ont été annulées et dans l’aérien, le trafic est très perturbé également. D’autres économistes ont également repéré des fortes perturbations dans les secteurs bancaires notamment mais aussi publicitaires, pharmaceutiques et alimentaires.

 

Dans ce contexte économique global très perturbé où la Chine concentre des chaînes de valeur qui comptent pour 75 % de la croissance du commerce mondial, il va sans dire que ces évènements alimentent le risque de défaillance et l’effet boule de neige qui l’accompagne inexorablement.  

image dominos qui chutent
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Quelles mesures pour permettre aux entreprises françaises de traverser cette crise ?

Pour aider les entreprises françaises à passer la crise (qui devrait coûter plus de 0,1 point de croissance à l’économie du pays selon le ministère de l’Économie) le gouvernement a annoncé différentes mesures d’accompagnements. On sait déjà cependant que les grandes entreprises, notamment dans les secteurs du transport, du tourisme ou du luxe, sont fortement impactées par l’arrêt de la production en Chine : plus particulièrement les secteurs du luxe et de l’hôtellerie, qui subissent en plus le confinement de la majorité des touristes chinois qui représentent une part non-négligeable de leurs ventes (chaque touriste chinois visitant la France dépense en moyenne 1700 €).

 

L’évolution de la propagation du virus influera sur la suite des évènements, autant que la capacité des unités de production et des bases logistiques chinoises à reprendre leur activité. "Actuellement, les entreprises françaises reçoivent encore les containers qui sont partis au début de l’épidémie. Les effets de la baisse de cadence vont se ressentir dans les prochaines semaines", a déclaré Agnès Pannier-Runachier, la secrétaire d’État à l’Économie.

 

Pour les secteurs particulièrement touchés comme le vin, le luxe ou l’automobile, le gouvernement a comme objectif de les aider à simplifier la tâche de reprogrammer leur rythme de production, d’assurer leur trésorerie ou de se tourner vers d’autres moyens d’approvisionnements.

 

Plus concrètement, cela signifie que les mesures mises en place pendant le mouvement des Gilets Jaunes et des grèves contestant la réforme des retraites seront maintenues : étalement de charges fiscales et sociales, d’activité partielle ou de dérogation sur les heures supplémentaires, etc. La secrétaire d’État à l’Économie a également indiqué que le « le fonds destiné à soutenir la trésorerie des sous-traitants de la filière automobile annoncé en décembre dernier pourrait également servir à amortir le choc Coronavirus ».

 

Bruno Le Maire en a également appelé à la solidarité et à la compréhension des donneurs d’ordres pour les sous-traitants connaissant des problèmes d’approvisionnement depuis la Chine, notamment sur la question des délais de paiement (découvrez nos derniers baromètres des délais de paiement ici).

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Comment protéger votre entreprise des risques de défaillance liés au contexte économique actuel ?

Une rapide analyse des requêtes dans notre base montre un pic de consultation de rapports de solvabilité sur les pays asiatiques les plus gravement atteints par le virus (Chine, Japon, Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Thaïlande, Taïwan, Malaisie, Vietnam). Il existe des solutions simples pour anticiper les défaillances chez vos partenaires commerciaux, qu’ils soient des fournisseurs dans les zones à risques ou des clients stratégiques impactés par le choc économique liés au virus.

 

Il est tout d’abord primordial de consulter le rapport de solvabilité de vos partenaires stratégiques : si par exemple la limite de crédit de l’un de vos partenaires chute, cela peut être un signe avant-coureur que l'entreprise ne peut plus accepter un certain montant de crédit, ce qui peut indiquer qu'elle a des difficultés à payer ses factures. Grâce aux données présentes dans nos rapports via le Trade Payment Data, vous pouvez également vérifier les comportements de paiement de l’entreprise : nos rapports indiquent combien de factures ont été payées dans les délais, ont été payées en retard ou sont encore impayées (selon les entreprises). Vous pouvez donc effectuer un premier contrôle instantané via les rapports de solvabilité ou commander une nouvelle enquête de terrain (qui prend entre 3 & 5 jours ouvrés selon la zone géographique)

 

Nous conseillons ensuite de mettre en surveillance vos fournisseurs et clients stratégiques : vous serez ainsi en mesure de garder un oeil sur eux sans consulter leur rapport de solvabilité. Ajoutez-les simplement à votre portefeuille et soyez prévenu de tout changement directement par e-mail. Avec la surveillance internationale disponible dans plus de 17 pays, détectez les signaux de faiblesse avant-coureurs et prenez les bonnes décisions au bon moment pour vous protéger du risque de défaillance. En paramétrant les événements & notifications selon vos besoins, vous optimiserez ainsi votre gestion du risque : vous pouvez suivre de nombreux changements différents : score, limite de crédit, procédure de sauvegarde, redressement judiciaire, dissolution de l'entreprise, liquidation, privilèges URSAFF, Trésor Public, procédure de recouvrement…

 

Comme beaucoup d’entreprises françaises, certains de nos clients ont dû s’adapter face à l’épidémie :  dans un premier temps, un principe de précaution leur a été émis par certains fournisseurs sur la zone Chine avec des informations assez génériques. Il leur a donc fallu appliquer un suivi spécial sur les livraisons de pièces en provenances des zones à risques, en particulier sur la Chine au début puis rapidement étendu jusqu’à l’Italie du Nord. Afin de se protéger en conséquence, ils ont systématiquement vérifié l’état des livraisons et également demandé des plans d’actions aux fournisseurs concernés.

 

En somme, alors que la France compte 377 personnes infectées au 05 mars 2020 selon le dernier décompte délivré par les autorités, notre pays est désormais le deuxième en Europe (après l'Italie) le plus concerné par la maladie. Si les pouvoirs publics comme les entreprises sont en alerte, toutes les raisons sont bonnes pour prendre le coronavirus SRAS-CoV-2 au sérieux, sans pour autant céder à la psychose.

Vos fournisseurs sont à l'étranger ?

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