Transversale automobile

La transversale automobile concerne 176 983 acteurs pour un cumul en chiffre d’affaires 2021/2022 de 376Mds €. Ce secteur d’activité connait une croissance dynamique malgré des problématiques de trésorerie et d’endettement. (Etude réalisée par Thomas Bonte)

10 min.
28/02/2023

La transversale automobile concerne 176 983 acteurs avec une concentration importante dans les Bouches-du-Rhône, le Nord, la Seine-Saint-Denis, le Rhône, la Gironde, les Alpes-Maritimes et la Haute-Garonne avec, à chaque fois, plus de 2% des entreprises actives (sièges). 

Sur 2021/2022, le cumul du chiffre d’affaires est de 376 Mds €. Ce secteur génère beaucoup d’activité et draine énormément de flux financiers, de matériaux et de moyens techniques ou humains. 

Nous nous penchons aujourd’hui sur un domaine d'activité en pleine prise de conscience qui se restructure aussi bien au niveau industriel que commercial, avec les conséquences que l’on connait notamment sur les fonderies. 

Nombre d'unités par département

Il est important de comprendre qu’aujourd’hui cette transversale est principalement commerciale en France. Non pas en chiffre d’affaires mais en nombre d’acteurs. L’hyper-concentration des constructeurs automobiles donne lieu à la présence de 397 acteurs actifs sur le territoire pour 0,22% de la population. Le cumul, avec les équipementiers, porte l’ensemble de l’industrie à 1% de la population totale en termes d’activité. 84% est lié au commerce et à la réparation de véhicules.

176 983

Nombre d'unités

C’est une transversale où la présence d’acteurs non-commerciaux est très minoritaire mais où la concentration d’entrepreneurs individuels est forte avec 46% des acteurs. 54% des acteurs de la filière étant des sociétés commerciales. 

176 983

Nombre d'unités

Sur l’ensemble des acteurs, le découpage interne à Creditsafe montre un proportion assez jeune et en opacité de la population à 27% cumulé. Au-delà des entrepreneurs individuels dont les moyens sont souvent limités, 23% des structures sont inférieures à 2M€. 2,39% sont des entreprises moyennes entre 2 et 10M€ de stature. Et 1% dépassent les 10 M€. Cela reste un panorama habituel dans l’ensemble de l’économie française et dans la majorité des secteurs. 

Nombre par type
Chapter 1

Un « secteur » mature mais fragilisé

Le score des différentes activités de la transversale renseigne, comme au niveau national, une moyenne de risque modéré. Les activités démontrant la présence du plus grand nombre d’acteurs, souvent petits et jeunes, amènent le plus de risque. De la même manière, les limites vont être basses en moyenne là où se situent ces acteurs. À l’inverse, les activités où figurent des acteurs historiques avec des statures plus matures vont avoir des limites de crédit plus élevées en moyenne. À ce titre, les constructeurs automobiles démontrent une position beaucoup plus relative qui interpelle et demande de se pencher sur la situation des différents acteurs de manière individuelle. 

Score moyen et limite de crédit moyenne par activité

Le comportement de paiement des entreprises offre un panorama très sain au global. Cela en gardant en tête la propension au glissement du comportement en raison de la taille des acteurs. 51% des entreprises suivies sur leur comportement dans cette transversale démontrent une absence de retard. Le retard moyen étant de 6 jours, les acteurs au-delà de ce spectre figurent donc en dehors d’un délai raisonnable. 

68 372

Unités évaluées

55 250 044

Balance

5 985 391

Nombre total de factures

Chapter 1

Des hauts de bilan lourds à gérer…

À l’heure actuelle, nous bénéficions d’une visibilité à moins de 24 mois sur la situation financière de 47 930 entreprises de la transversale automobile. 9% des acteurs du secteur étant en retard sur les données financières, cela reste très cohérent. Concernant leur situation financière, 44% de la population présente une situation dégradée, 37% une situation correcte, 17% une très bonne situation et 2% une excellente situation. Paradoxalement, les constructeurs se retrouvent en queue des activités alors que les équipementiers sont dans des situations plutôt saines. On retrouve ainsi la dimension du score de prédiction de défaillance qui illustre cette situation. 

Santé financière

L’endettement des entreprises (à plus ou moins un an) étant un aspect non-négligeable de l’exposition au risque, notamment par un effet levier important, la proportion des entreprises exposées est nécessairement élevée. Ici 55% des unités ont une exposition à plus de 60% d’endettement. Ce qui demande en compensation une capacité de cash-flow suffisante pour pouvoir entrevoir une capacité de désendettement. La solvabilité médiane n’excédant pas 45%, cela veut dire que 50% des entreprises se situent au-dessus ou en-dessous de ce spectre. Le socle fondamental de 43Md € de capitaux propres va permettre notamment de comprendre les enjeux liés au reste des chiffres permettant d’illustrer la situation des unités de la transversale automobile. 

Solvabilité

Le poids des créances reste globalement maitrisé pour les entreprises du secteur, néanmoins certains acteurs sont très dépendants de la rotation de leurs stocks, qui n’est pas véritablement une problématique court-termiste mais qui réclame tout de même une grande forme de vigilance opérationnelle et financière. Quasiment 36% de la population souffre tout de même de délais de rotation importants sur les créances impliquant des problématiques de trésorerie mais aussi de performances. Et cela est majoritairement le cas dans le volet industriel de la transversale. La médiane étant de 19 jours (en absence d’impact) toutes les activités au-dessus de 30 jours illustrent cette problématique. 

DSO

Le délai fournisseur exprimé à partir des bilans récents disponibles illustre immédiatement la problématique bien connue du BFR négatif qui est utile à long terme mais préjudiciable à court terme. De fait, nous pouvons constater un effet levier important vis-à-vis du chiffre d’affaires de l’entreprise et donc a fortiori de ses capacités réelles. La majorité ayant un délai fournisseur impactant pour le haut du bilan. Le résultat opéré pouvant se retrouver à terme annihilé par les montants en attente dans le haut du bilan. Nous ne pourrons cependant nous empêcher de remarquer qu’au cumul global, le montant des dettes fournisseurs est inférieur au montant des créances. Mais la répartition par entreprise montre un tout autre visage. 

DPO

La conséquence globale sur la situation de la trésorerie des entreprises est irrémédiable, dans la mesure où la part de composition des disponibilités et leur ajustement sur le chiffre d’affaires, montre un nombre de jours de couverture assez bas. Cela n’est pas déconnecté de la réalité économique et financière des entreprises françaises. Mais c’est un constat qui doit être pris au sérieux. Dans les faits, la majorité des acteurs ont moins de 30 jours de trésorerie disponible au calcul. Nous pourrons remarquer qu’une nouvelle fois, les équipementiers se distinguent parmi l’ensemble de la population pour leur vivacité. 

Trésorerie

Le constat sur la trésorerie demande nécessairement de se pencher sur le « cash » disponible. Le montant global de 21 Mds € représente la moitié des capitaux propres disponibles. C’est également 2 à 3 fois moins que le montant total des créances et des dettes fournisseurs comptabilisées. Les ratios de liquidités démontrent bien que le BFR négatif a un impact irrémédiable à moins d’un an. 

La liquidité restreinte présente une dimension très basse qui n’est pas complétée par le cash disponible. Ce qui valide au passage la dimension insuffisante pour l’ensemble des acteurs. Cela « condamne » ces derniers à trouver des solutions de financement de leur exploitation. Ce qui est à double tranchant en contexte inflationniste et de hausse des taux. 

Cash disponible
Chapter 1

…mais des comptes de résultats très dynamiques !

Maintenant, le contexte ne pèse pas irrémédiablement sur les acteurs. Et cela reste toujours à prendre en considération. La capacité motrice du chiffre d’affaires pouvant diminuer ou annuler les besoins de rotation en haut du bilan mais jamais les problématiques de disponibilités qui restent non-dilutives. Or c’est bien sur cet axe que repose l’impayé et l’ouverture d’une procédure collective. Ainsi, 60% des acteurs ont une croissance supérieure à 4% de leur chiffre d’affaires pour un ensemble atteignant 9% en médiane, et 32% affichent une croissance nulle ou négative. Les constructeurs et les fabricants ont les croissances les plus faibles. Sur le cumul 2021/2022 disponible, le marché représente 372Mds € soit près de sept fois les dettes fournisseurs enregistrées ce qui a tendance à démontrer également qu’il y a une forme de portabilité qui n’est pas maitrisée par l’ensemble des entreprises. 

Croissance

Les résultats du secteur sont également dans les tendances nationales avec une marge nette de 2% en médiane et un cash-flow de 4% en médiane. Il y a une forme d’uniformité « sectorielle » même si les équipementiers électroniques s’en sortent un peu mieux. Il est important de noter que 23% des acteurs sont déficitaires et autant sont largement bénéficiaires (au regard du secteur). La majorité affiche des résultats modérés et cohérents dans l'ensemble. La problématique sur des structures matures étant que le résultat reflète la capacité à se désendetter en renforçant les capitaux propres et en complétant le cash disponible par thésaurisation. Dans les faits, nous avons vu que l’endettement est de 53%, et qu'un cash-flow de 6% provoque une capacité de désendettement projetée de 11% sur 8 ou 9 ans sous réserve de l’attribution de ce résultat. D’un point de vue financier, c’est une position lourde. 

Marge nette

Le palmarès 2021/2022 en médiane laisse apparaitre en majorité des constructeurs. La situation sur l’ensemble montre une progression des chiffres d’affaires. Le cas de Nissan Automotive Europe est une exception affichant une progression importante du chiffre d’affaires 2022 ! La croissance des chiffres d’affaires sur les très grandes entreprises renseigne bien sur la dynamique existante post-covid malgré tout ce que l’on peut envisager dans un contexte de récession. Il est important cependant de garder à l’esprit que sur des structures de cette taille, la variation est très relative par rapport aux besoins de haut de bilan même si cela est significatif pour l’ensemble du marché d’un point de vue « business ».  Ainsi Nissan Automotive Europe affiche une trésorerie de 23 jours et une solvabilité de 27% pour un DSO de 85 jours et un DPO de 125 jours. Ce qui illustre parfaitement les propos tenus préalablement. 

Croissance par raison sociale

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