L’esprit d’entreprise est devenu beaucoup plus difficile

Hind Salhane

7 min.
28/04/2023

Les entrepreneurs ont dû faire face à de nombreux chocs inattendus au cours des dernières années et les prochaines années promettent également d’être assez difficiles. Dans un de nos webinaires, l’économiste Peter De Keyzer a partagé son point de vue sur le contexte économique actuel et son impact sur les entreprises belges, votre propre organisation et vos relations d’affaires.

Les coûts ont augmenté

Ces dernières années, nous n’avions pas à nous en préoccuper, mais aujourd’hui, les taux d’inflation restent particulièrement élevés. Les consommateurs et les entreprises sont donc confrontés à de fortes hausses de prix. « L’impact le plus important pour les entreprises concerne principalement les coûts qui sont élevés », explique Peter De Keyzer. « Pour les entreprises de construction, par exemple, le prix d’achat des matériaux devient de plus en plus cher. »

Tout comme l'inflation, les prix de l'énergie ont également dépassé leur pic (en septembre 2022), mais ils restent nettement plus élevés qu'il y a deux ans.

« Les entreprises à forte consommation d’énergie et les entreprises de services y sont fortement soumises. À l'augmentation des coûts, s'ajoute l'indexation automatique des salaires, qui obligent les entreprises à augmenter les salaires. Les entreprises n'ont donc pas d'autres choix, sinon leurs marges bénéficiaires disparaîtraient comme neige au soleil. »

Dans le domaine de l'énergie, l'Europe met tout en œuvre pour réduire sa dépendance à l'égard de la Russie. Nous devrons ainsi nous orienter vers une économie verte à moyen terme. Cette transition accélérée sera assez coûteuse en plus. »

L’indexation automatique des salaires : une nécessité ?

« Nous sommes l’un des rares pays au monde où les salaires et les avantages sont automatiquement liés à l’indice. La question de savoir si ce système doit disparaître ou non est un débat qui se pose à court et à long terme. La plupart des entreprises ont augmenté leurs salaires d’environ 10 %. Les multinationales présentes en Belgique et en Allemagne, par exemple, sauront alors où développer leur production. L’indexation des salaires protège le pouvoir d’achat de nos concitoyens à court terme, mais le mine à plus long terme, car il nous coûte en compétitivité. »

« Mais bien sûr, on ne peut pas supprimer l’indexation des salaires. C’est une recette pour l’agitation sociale, les grèves et la polarisation. Personnellement, je suis partisan d’un système permettant d’indexer le salaire net des citoyens, mais sans les impôts et les cotisations sociales qui l’accompagnent. Cela signifie que les citoyens sont toujours protégés de l’inflation, mais que les charges sociales et les impôts supplémentaires qui en découlent ne vont plus au gouvernement. »

Récession ou non ?

De nombreux économistes ont des avis divergents. La récession tant redoutée est-elle ou non imminente ? Et si elle se produit, va-t-elle frapper fort ou se dissiper en douceur ? Le fait est que, tant les consommateurs, que les entreprises sont prudents en matière de dépenses. Bien sûr, les inquiétudes concernant une récession potentielle pourraient bien déclencher une récession effective.

« De plus, la charge fiscale est très élevée dans notre pays. Nous payons des impôts extrêmement élevés et pourtant nous nous retrouvons avec une dette publique importante et peu de tampons financiers. Cela en dit long sur notre réflexion à long terme. » 

« En Belgique, le débat porte toujours sur l’ici et le maintenant. Chaque jour, on invente une nouvelle concession, une nouvelle taxe, une nouvelle réduction ou une nouvelle prime, mais personne ne parle de mesures pour compenser ces dépenses supplémentaires à long terme. Il est urgent d’introduire cette perspective dans le débat public. »

De la voiture de sport au 4x4

« Les dernières décennies ont permis des affaires plutôt faciles : les taux d’intérêt étaient faibles ou nuls, la croissance était stable et l’inflation était faible ou inexistante. Le monde comme un village pacifique.  Nous nous procurions des produits bon marché en Asie, de l’énergie en Russie, notre acier en Chine, et nous délocalisions massivement nos usines dans des pays à bas salaires. »

« L’apparente stabilité a complètement disparu aujourd’hui. Le changement, l’incertitude et les circonstances en constante évolution deviennent la norme. Vous pouvez comparer cela au choix d’une voiture : selon les circonstances, vous choisissez également un modèle différent. Si vous voulez battre des records sur un circuit de course par temps sec, il est préférable de choisir une voiture de sport parfaitement réglée, avec beaucoup de puissance, juste assez de carburant et des pneus larges avec beaucoup d’adhérence. Mais si les conditions ne sont pas parfaites voire même imprévisibles, il est préférable de choisir un autre type de voiture. En expédition dans la jungle vous vous lancez alors avec un 4×4, avec une pelle pour déterrer votre voiture, des jerricans de carburant pour un trajet plus long inattendu et, bien sûr, une carte d’état-major et une boussole au cas où votre GPS tomberait en panne. La même conclusion s’applique d’autant plus aux entreprises aujourd’hui. Nous entrons dans une ère de changement, de volatilité et de faible prévisibilité. Cela nécessite donc un état d’esprit différent », déclare Peter.

Cartographiez les chances de survie de vos relations d’affaires

Les conditions pour faire des affaires ne sont plus idéales. Au contraire, l'esprit d'entreprise devient imprévisible et les affaires vivent de choc en choc. Il convient donc de maintenir un certain montant de réserves pour faire face à des situations de chocs inattendus. Votre entreprise, vos fournisseurs ainsi que vos clients sont-ils armés pour faire face à ces chocs inattendus ? Et comment donner du sens à tout cela afin d’être préparé et de prendre les mesures appropriées ? Grâce au modèle de résistance aux chocs de GraydonCreditsafe, vous apprendrez à surveiller efficacement les chances de survie de votre écosystème.