Le Luxembourg a toujours été un cas à part en Europe, souvent catégorisé comme paradis fiscal pour les entreprises. Alors que la Banque nationale de Belgique offre, moyennant une licence et une API, un accès libre à trois ans d'historique des comptes annuels pour un montant limité, le Luxembourg a fermé ses portes. Jusqu'à récemment, les informations pouvaient encore être récupérées, mais de nouvelles mesures de sécurité ont complètement bloqué cette voie.
Les conséquences sont faciles à deviner :
- Pas d'API, pas de licence, pas d'accès en masse.
Quiconque souhaite obtenir des informations doit demander chaque compte annuel séparément. Une opération coûteuse et donc irréalisable pour les fournisseurs de données et les analystes.
- Tout le monde est logé à la même enseigne.
Aucun acteur ciblant le marché des informations sur les entreprises luxembourgeoises n'a plus un accès complet.
Pourtant, le Luxembourg compte environ 145 000 entreprises, dont environ 80 % sont soumises à l'obligation de publier leur bilan. Ce pourcentage est beaucoup plus élevé qu'en Belgique, ce qui devrait favoriser la transparence. Mais l'accessibilité publique de ces données a pratiquement disparu.
Ce n'est pas une coïncidence. Le pays a bâti son attractivité financière précisément sur le secret, la discrétion et une publicité limitée. La transparence n'y est pas une priorité, mais une menace pour le modèle établi.
« La qualité des informations commerciales au Luxembourg sera donc toujours inférieure à celle d'autres pays. Il n'y a pas d'autre explication. C'est tout simplement l'ADN du pays, auquel tout fournisseur de données doit faire face », déclare Peter Gazelle, directeur général de GraydonCreditsafe.
Cette évolution s'inscrit dans une tendance plus large où le Luxembourg, comme le Liechtenstein, applique une interprétation minimaliste des règles européennes en matière de transparence. Bien que des directives européennes imposent aux entreprises de publier leurs comptes annuels, leur mise en œuvre nationale reste limitée, voire délibérément lourde.