Data & Risque Client

Le DAF de 2024, Data Steward de l'entreprise

Interview de Richard Lacroix

7 min.
28/02/2024
Portrait de Richard Lacroix

Richard Lacroix
Executive Search Partner - FItch Bennett Partners

Professionnel expérimenté dans les secteurs internationaux, il se consacre au développement humain en offrant un coaching bénévole et en promouvant les valeurs de service et de progrès. Il souligne l'importance pour les dirigeants de s'entourer de personnalités adaptées et prévoit que le capital humain sera central dans les préoccupations futures des entreprises, avec un accent sur la qualité de vie au travail et la responsabilité sociétale.

Le fiabilisation des données est une priorité demandée aux DAF en 2024.


Richard Lacroix
Executive Search Partner - FITCH BENETT Partners
Chapter 1

Interview - partie 3 sur 3

28/02/2024

CREDITSAFE : Dans notre interview précédent, vous abordiez le rôle croissant des DAF dans la digitalisation du pilotage de l’entreprise. Le digital s’imposant comme l’allié du DAF de 2024 pour une maîtrise optimale des données de pilotage financier de l’entreprise.

RICHARD LACROIX : Ce qui revient à dire que grâce au digital, le DAF devient le garant auprès des actionnaires de la fiabilité des informations (ce qui incite là encore le DAF à anticiper pour être toujours à la pointe des outils, en l'occurrence digitaux). Depuis six mois, dans la quasi-totalité des recrutements de DAF pour lesquels j’ai été mandaté, l'une des premières attentes de nos clients était de renforcer la fiabilité des données. La compétence digitale du DAF est donc très concrète. Renforcer la fiabilité des données pour mieux gérer l'entreprise, mieux anticiper, c'est une demande de plus en plus forte des dirigeants.

Le DAF de 2024 parle autant de chiffres que de business.


Richard Lacroix
Executive Search Partner - FITCH BENETT Partners

CREDITSAFE : Au début de notre entretien, vous avez évoqué le leadership et l’assertivité parmi les 5 domaines de compétence qui ont évolué chez les DAF. Pouvez-vous nous en dire plus ? Leadership, c'est vite un mot valise aujourd'hui mais vous y ajoutez l’assertivité.

RICHARD LACROIX : Les dirigeants me demandent quasiment tout le temps des candidats qui ont de l'assertivité et notamment pour les postes de DAF. L'assertivité, c'est ici la capacité à imposer et à défendre ses idées et ses convictions, la capacité à être force de proposition en permanence et à défendre son territoire et ses équipes. Il arrive qu’on me demande des DAF avec une très forte personnalité pour être un interlocuteur capable de gérer la relation avec des fonds d'investissement ‘‘agressifs, intrusifs, combatifs’’ pour reprendre les termes utilisés par certains de mes clients.

A une certaine époque, on pouvait imaginer qu'on attendait d'un DAF qu'il soit un bon exécutant de la stratégie financière de l’entreprise, que la trésorerie soit bien gérée, la rentabilité sous contrôle. De nos jours, l’entreprise confie au DAF un rôle de Business Partner capable d'aller défendre les choix du comité de direction ou le business plan auprès d'investisseurs. On recherche un négociateur avec une capacité de conviction certaine. C’est une évolution forte du métier.

Le DAF est encore plus qu’avant attendu comme un acteur de la transformation de l’entreprise qui doit agir sur les trois axes classiques de la transformation que sont les systèmes d'information, les processus et l’organisation. Pour accompagner le changement, et optimiser le fonctionnement de la société. Et là il doit avoir du leadership, c'est-à-dire une capacité de vision, une capacité à entraîner les collaborateurs de l’entreprise en mode transversal et à jouer un vrai rôle moteur au comité de direction, sans se contenter d’être une simple chambre d'enregistrement des décisions business de la direction.

Le DAF de 2024 parle de plus en plus et indifféremment autant de chiffres que de business, et ce qui renforce son binôme avec le DG et sa collaboration avec toutes les fonctions opérationnelles.

CREDITSAFE : Si on résume, les dirigeants de 2024 attendent des DAF d’être un véritable Business Partner, capable d’anticiper et de s’entourer de spécialistes pour parer à des risques toujours plus complexes et garder ses capacités d’agilité financière. Une vision du métier partagée par les candidats par tu rencontres ?

RICHARD LACROIX : Oui mais avec une dimension supplémentaire dont la tendance se confirme et que je vois de plus en plus dans les attentes des candidats que je rencontre. C’est la quête de sens !

Et c’est vrai autant pour de jeunes candidats que pour des profils expérimentés. Dans mon livre ‘‘Rebondir, le guide pratique de la reconversion’’, je mentionne le cas des quadras, des quinquas, qui ne trouvent plus suffisamment de sens dans leur travail, et sont peuvent devenir victimes du phénomène de bore out, qui peut amener d'autres maladies psychologiques et d’autres mal-être. Je rencontre un grand nombre de candidats qui sont à l'écoute du marché ou en recherche, et qui me disent : « j'ai 50 ans et pendant les 15 années qui restent, je veux du sens dans mon travail ; je veux encore des challenges mais je veux surtout un équilibre entre le plaisir, voire même « le fun », et le travail ».

La quête de sens est devenue primordiale. Les candidats veulent avoir en face d'eux des recruteurs qui vont ‘‘vendre leur entreprise’’, savoir présenter leurs valeurs, leurs visions. De trop nombreuses entreprises pensent encore que c'est au candidat de se vendre alors que c’est le schéma inverse qui s’est installé depuis ces toutes dernières années, ce qui changera sans doute tôt ou tard.

CREDITSAFE : Merci Richard pour cet entretien qui offre une lecture dense des évolutions du métier de DAF, plus que jamais au cœur des enjeux de performance des entreprises.

Vous souhaitez en savoir plus ?

Découvrez l’intégralité de l’interview de Richard Lacroix sur les compétences du DAF en 2024